Retour

Sébastien Giot

Premier hautbois solo

Après un double cursus (violon et hautbois) dans la classe de son père au Conservatoire à rayonnement régional de Perpignan, Sébastien Giot intègre, premier nommé, le Conservatoire de Lyon – CNSMDL dans les classes de Jean-Christophe Gayot et Guy Laroche où il obtient un premier prix de hautbois à l'unanimité. À l’âge de vingt ans, il entre à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg comme hautbois solo et occupe le poste d’enseignant au Conservatoire ainsi qu'à l'Académie supérieure des arts du Rhin (pôle supérieur).

Titulaire du Certificat d’Aptitude (CA) de professeur de hautbois, il obtient également entre 2001 et 2004 pas moins de cinq prix internationaux : Tokyo, Petritoli, Toulon, les "European Young Concert Artists in Paris" qu’il remporte ex-aequo avec la pianiste Lise de la Salle puis les "International Young Concert Artists" à New-York. Suite à ces distinctions, il est sélectionné par l’Association Française pour l’Action Artistique pour participer au programme "Déclic" visant à la promotion de jeunes artistes français à l’étranger et à l’enregistrement d’un premier CD. Il se produit en soliste et donne des master-classes dans de nombreux pays : États-Unis, Chine, Japon, Pakistan, Espagne, Thaïlande, Brésil, Malaisie, Corée...

Passionné de musique de chambre, il est membre du Quintette Erasme (formation constituée de solistes de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg) et joue également aux côtés d’artistes comme Jean-Yves Thibaudet, François-Frédéric Guy, Emmanuel Pahud, Marc Coppey, Maurice Bourgue, Nemanja Radulović, Roland Pidoux… Il est régulièrement invité comme hautbois solo au sein du prestigieux Chamber Orchestra of Europe et du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Robin Ticciati, Yannick Nezet-Seguin, Daniel Harding ou Bernard Haitink.

En septembre 2024, il intègre l’Orchestre de Paris comme hautbois solo. Durant la saison 2024/2025, outre ses concerts au sein de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, Il se produira également en soliste au côté de Nemanja Radulović avec qui il vient d’enregistrer le Double concerto de Bach pour Erato-Warner Classics.Sébastien Giot joue les hautbois Lorée-de Gourdon.

Son interview

Comment êtes-vous venu à votre instrument ?

Mon père était professeur de hautbois à Perpignan. Autant que la sonorité, j’aimais que de nombreux hautboïstes passent à la maison. L’ambiance était toujours festive ! En devenant hautboïste professionnel moi-même, cette camaraderie s’est confirmée: est-ce parce que le hautbois est un instrument relativement capricieux ? Il règne une sorte d’entraide et de respect mutuel entre les hautboïstes. De ce point de vue, mon pupitre de l’Orchestre de Paris est une “dream team”: nous prenons énormément de plaisir et nous nous soutenons mutuellement avec beaucoup de bienveillance.

Le compositeur qui écrit le mieux pour votre instrument ?

Wolfgang Amadeus Mozart.
Souvent, il fait chanter le hautbois au-dessus de l’orchestre; on se sent comme un chanteur d’opéra, avec ces thèmes planants sur un accompagnement assez léger des cordes !

Votre état d’esprit actuel ?

Plein d’énergie ! Je viens d’entrer dans l’orchestre, après 25 ans passés à l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. J’ai adoré mon expérience alsacienne qui m’a permis de grandir en tant que musicien. Mais je suis très enthousiaste devant toutes ces nouvelles opportunités qui s’ouvrent avec l’Orchestre de Paris. Chaque semaine, je découvre des chefs invités de renommée internationale. On retrouve à l’orchestre une exigence dans le travail qui n’a d’égale que la bonne humeur et le niveau de préparation dans le travail. 

Une passion en-dehors de la musique ?

Le tir à l’arc, que j’ai commencé adolescent. Le tir à l’arc est un sport qui se rapproche par certains points de la musique: il faut être extrêmement bien préparé, et savoir répéter un geste. Ce côté répétitif du geste se rapproche du travail du musicien.

Une expo récente ?

Louvre Couture au Musée du Louvre, qui expose des robes de haute couture moderne dans les ailes du Palais. J’y suis allé avec ma fille. Un enchantement !

Votre compositeur de prédilection ?

Richard Strauss car il représente la quintessence de l’orchestre. Chaque musicien devient soliste grâce à son écriture: le deuxième hautbois ou la troisième flûte auront ainsi des solos très intéressants à jouer. Quand il règne une discipline générale dans l’orchestre et qu’on respecte scrupuleusement le texte, le résultat s’avère extraordinaire. Et puis, dans des œuvres comme Une vie de héros et tous les poèmes symphoniques comme Don Juan, le hautbois est gâté ! 

Un compositeur que vous avez appris à apprécier ?

Gustav Mahler. A mes débuts, je comprenais mal cet univers: son écriture me paraissait d’une certaine manière exagérée. Quand on sort du Conservatoire, on est sans doute trop discipliné pour jouer cette musique. Il faut gagner en maturité musicale pour réussir les nuances expressives demandées par Mahler. Une fois qu’on a franchi ce cap, cette musique vous devient indispensable.

La question qu’on vous pose le plus souvent ?

Est-il difficile de jouer du hautbois? (rires)
Oui, il s’agit d’un instrument parfois capricieux, mais le hautbois n’est pas plus difficile qu’un autre instrument ! Dans la notion de “jouer”, il y a la notion de “plaisir” qu’il faut essayer de garder quotidiennement. 

Le premier disque que vous avez acheté ?

Les Concertos pour hautbois de Vivaldi par Maurice Bourgue : un disque incroyable de précision et de musicalité. Si on me demandait de n’emporter qu’un seul disque sur une île déserte, je choisirais sans doute celui-ci car c‘est lui qui m’a donné envie de jouer du hautbois. Bourgue était d’ailleurs le hautbois solo de l’Orchestre de Paris lors de sa création en 1967. J’ai eu la chance de jouer avec lui : une personnalité d’une grande exigence. 

Des chefs qui vous ont impressionné ?

J’admire Klaus Mäkelä: l’aura qu’il dégage est incroyable ! Son exigence n’a d’égale que son dynamisme. J’apprécie également beaucoup l’humanité de Yannick Nézet-Seguin, un chef que j’ai rencontré par l’Orchestre de Chambre d’Europe. Son énergie est extrêmement fédératrice; il se souvient parfaitement des caractéristiques de tous les musiciens. Il y a chez lui un côté très fraternel, qui rassemble les talents pour les porter le plus haut et le plus loin possible. 

La Philharmonie ?

Une salle merveilleuse par son acoustique mais également par la qualité d’écoute qu’elle génère. Depuis la scène, on sent une telle énergie du public. Lors de la série anniversaire pour les dix ans de la Philharmonie, le concert du jeudi réservé aux moins de 28 ans s’est révélé incroyable. Ressentir l’attrait et l’énergie de cette jeunesse est un message d’espoir pour la musique classique.  

Propos recueillis par Laurent Vilarem en mars 2025.

.